Mon chat a créé sa startup

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chatQue la lumière soit et la startup fut…

A quelques semaines du grand choix (incertain) de notre futur président, à l’heure où l’on abreuve nos chères têtes blondes de l’idée de créer un jour une startup tel un idéal de vie (et à celle où j’ai créé ma petite entreprise), alors que l’on nous abreuve chaque jour toujours un peu plus des bienfaits apocalyptiques des nouvelles technologies et de l’IA développés par ces startup et autres GAFA, voici ma petite chronique du jour pour nous remonter le moral…

Le mois dernier, mon chat s’est réveillé (ce qui est déjà un exploit en soi) avec l’idée de créer sa startup. C’est vrai, après tout, pourquoi pas moi s’est-il dit dans un grand étirement suivi d’un non moins énorme bâillement. Pas plus bête qu’un autre (chat), il empoigne sa souris (numérique) et se lance sur la Toile pour créer officiellement sa startup. Bien évidemment, pendant ses (très) longues heures de sommeil, il aura réfléchi à l’idée du siècle qui va révolutionner le monde félin pour en faire encore moins. Il a suivi tous les épisodes des experts au CES (Chat Et Souris) Las Vegas. Il va se lancer dans la production de chat-bot, ce qui évitera à tout chat de miauler bêtement et longuement sans succès assuré pour ouvrir la porte ou avoir des croquettes. Bien évidemment, pendant ses (très) longues heures de sommeil, il aura mûrement établi son business model, business plan, business sommeil et j’en passe. Bref, tout ça pour dire que le grand jour est arrivé, il se lance et va donc s’inscrire en ligne (puisque tout se fait en ligne aujourd’hui, même pour les chats). Garanti en 20 minutes chrono !!! Le voici donc tout de joie à remplir son formulaire M0 en ligne. Il connait sa forme juridique : ce sera une CHASU (SASU pour les chats). Un seul actionnaire (même si le terme “action” lui est parfois étranger). Un statut formidable où on se convoque soi-même à son assemblée générale pour se nommer président (mon chat est schizophrène en plus, et un poil – de chat – dictateur par moment). Un dernier clic pour valider, et voilà, le tour est joué. Il ne lui reste plus qu’à envoyer les pièces justificatives. La vie est belle, il s’y voit déjà !!!

Il n’aura pas manqué bien évidement de débourser quelques menus croquettes pour la rédaction de ses statuts, la publication dans un journal de l’annonce légale de la création de son entreprise pas encore créée, et surtout de constituer son capital social qu’il aura déposé dans la cachette bancaire de son choix.

Après tous ces premiers efforts, il envoie avec le plus grand enthousiasme ses pièces justificatives en utilisant par sécurité une lettre suivie (qui lui indiquera 1 mois après que le courrier est “en cours” de traitement alors qu’il est arrivé le lendemain). Après moult échanges – car il manque toujours quelque chose – il attend impatiemment son immatriculation. C’est alors qu’il découvre avec joie le guichet non unique. Comme la lettre suivie, son dossier est toujours indiqué “en cours de traitement”. On lui indique cependant au téléphone que le dossier a pourtant été transmis au griffe, pardon au Greffe, et aux impôts, avec – c’est le petit plus – un conseil de consultation des Pages jaunes pour en savoir plus. Qu’à cela ne tienne, tout pressé et toujours enthousiaste, il contacte le premier qui lui indique que c’est “en cours” et qu’en attendant de recevoir son K-Bis par courrier, il peut toujours l’acheter sur infogriffe.net. Quant aux impôts, c’est également “en cours”. Soit il se déplace (ce qui demandera à mon chat un énorme effort), soit on lui envoie ces renseignements par courrier – lent, même plus lent que lui – et il aura sa réponse la semaine suivante. Ou alors il passe par le site internet, lequel lui propose de créer son compte pro et pour le valider lui envoie son mot de passe par courrier – lent aussi – qu’il obtiendra la semaine suivante. De guerre lasse, mon chat se décide à repartir se recoucher et à patienter… Moralité : tout arrive à point pour qui sait attendre !!!

Mon chat a l’esprit startup en lui. Il travaille tout d’abord chez lui, puis s’est fait incubé chez ma vielle voisine où il fait du co-working (enfin je crois) avec d’autres chats. Il y développe son agilité (il adore l’agilité), joue beaucoup entre deux siestes productives. Aussi, quand je l’ai vu si motivé, je lui ai parlé de levée de fond : il a compris qu’il fallait qu’il lève d’abord son propre fond, c’est-à-dire son derrière, pour pouvoir bénéficier de plus de croquettes mais qu’en retour il allait devoir partager sa gamelle (faute de s’en prendre une). Résultat : motivation en baisse, mon chat n’est pas prêteur… surtout de sa gamelle.

Au final, mon chat a préféré continuer à jouer avec ses compères chats chez ma vieille voisine. Ensemble ils continuent à développer leur agilité et leur idéal de liberté pour le plus grand bonheur de ma vieille voisine qui le leur rend bien. Et au final, n’est-ce pas de cela dont il rêvait ?

A bon entendeur, chat-lu !!!