Cherche Nouvelles Rassurantes pour les Scientifiques – Présidentielle 2017

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Dans un mois tout juste, nous aurons un nouveau Président !!! Il est donc plus que temps de regarder un peu ce que l’on nous propose sur les différents menus. Concentrons nous sur ce qui semble n’être encore qu’un amuse-bouche : la recherche et l’enseignement supérieur. En 2009, nous avions eu droit de la part du président de l’époque à : « A budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% de moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l’on ne veut pas voir cela – je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé -, on peut continuer, on peut écrire… » En 2012, son successeur Moi-Président nous a dit « En dix ans, en intensité de recherche nous sommes passés de la 4e à la 15e place des pays de l’OCDE. Pour un pays qui ne cesse de parler d’excellence, ce n’est pas concluant ! La recherche publique civile, contrairement à ce qui peut se dire, est en forte baisse : les organismes de recherche, l’Agence nationale de la recherche elle-même voient leurs crédits baisser dans des proportions importantes. Pour cette année, 12 % de baisse pour le CNRS et 15 % de baisse pour l’ANR. » Et dans les faits, on a vu ce que ça a donné tant en termes de recrutements que de taux de sélection des projets soumis à l’ANR pour ne parler que de cela. La tendance est le moins que l’on puisse dire à la baisse. L’avenir sera-t-il mieux ? Pas certain…

Que nous propose-t-on au menu ?

Quand on regarde les différents programmes, on y constate aisément – mais doit-on s’en réjouir – une sorte de consensus sur la situation : elle n’est pas terrible, pour ne pas dire catastrophique. Tous – ou presque – semblent d’accord pour redonner de la liberté financière et pédagogique aux universités. Mais cela suffira-t-il pour autant à relever la situation ? Tous – ou presque – nous refont le coup de la priorité nationale, de la sanctuarisation de la recherche à coup de quelques milliards (en provenance de ?), de l’excellence, etc. Mais cela suffira-t-il pour autant à relever la situation ? Dans la plupart des cas, ces promesses consistent essentiellement à reprendre l’existant et à tenter d’en améliorer vaguement les conditions de vie. Rien de bien transcendant… On est dans l’innovation incrémentale, pas franchement de rupture. Quant à la précarité des chercheurs et les dérives du système de financement de la recherche, seul Jean-Luc Mélenchon s’en préoccupe véritablement et propose de « favoriser les financements pérennes plutôt que des appels à projets erratiques et d’augmenter le budget des universités, de réorganiser les grands instituts publics de recherche (CNRS, Inserm, Inra, etc.) et de supprimer l’Agence nationale de la recherche. Il propose de mettre fin à la précarité des doctorants et jeunes chercheurs par la titularisation des personnels effectuant des missions pérennes ». Mais tout ceci avec quel argent…

Bref, ces divers programmes – hélas – reflètent un peu l’ère du temps avec un vision à court/moyen termes. Ils ne voient apparemment pas dans la recherche une notion d’investissement à long terme, mais plutôt celle d’un domaine en crise/souffrance avec une nécessité de rentabilité plus ou moins immédiate (pour des soucis d’autofinancement entre autres et de concurrences avec les autres universités à l’international) en favorisant plus une recherche d’ingénierie au détriment d’une recherche plus fondamentale. Quant à l’enseignement qui y est donné, cela semble être un peu un match d’improvisation.

Proposition d’innovation de rupture pour la recherche française à destination de nos candidats : l’Ubercité France-Sorbonne

Chers candidats à la présidentielle, à la vue de la situation économique et sociale actuelle, voici quelques idées pour bâtir l’université française du futur (NDLA : à prendre au quinzième degré minimum…).

Face à la concurrence internationale grandissante et afin de redonner du prestige à nos universités ainsi qu’une bonne visibilité, je vous propose de fusionner toutes les universités françaises sous l’unique label “Université France-Sorbonne“. On a Université, on a France et on a Sorbonne, voilà enfin quelque chose qui claque et qui sonne bien. Tout est dans le titre et en plus ça fera une sérieuse économie d’échelle. Une seule administration centralisée à Paris, un seul site internet pour inscrire les étudiants d’où qu’ils viennent (avec un algorithme qui sélectionne au bout).

Et comme il faut faire beaucoup d’économies et rendre aux chercheurs la liberté de chercher, je propose que l’on crée même la notion d’ « ubercité », à savoir que chez France-Sorbonne on y aurait uniquement des chercheurs statutaires et que l’on confirait l’enseignement uniquement à des vacataires (industriels, etc.). Dans un second temps, afin de ne pas trop engendrer de précarité avec ces vacataires, les étudiants pourront suivre les cours de chez eux uniquement en MOOC engendrant de facto des frais de scolarité bien moins élevés. Ceci garantira l’égalité d’accès aux enseignements (une simple connexion internet suffira), et permettra à chaque personne de composer son parcours à la carte en choisissant les modules de son choix proposés par les différentes composantes territoriales de France-Sorbonne. Les interactions se feront par chatbots et réseaux sociaux. Toute formation se fera également en alternance pour favoriser l’insertion professionnelle rapidement, quelque soit la filière (même si cette notion sera appelée à disparaître avec ces formules à la carte). Les étudiants auront également droit à une petite prime à la fin de leur cursus pour créer leur startup.

Je propose également d’ouvrir le financement de cette Ubercité France-Sorbonne aux industriels, de Xavier Niel à Jacques-Antoine Granjon en passant par les GAFA et autres grandes puissances numériques. Transformons l’Ubercité en véritable pépinière, en incubateur de l’excellence française. Ils pourront ainsi financer et valoriser le fruit de la recherche de nos scientifiques au sein de leur entreprise. Fini les projets de recherche qui restent dans les cartons !!! Au passage, les thématiques de recherche seront définies chaque semestre en conseil des ministres suivant l’actualité du moment et les besoins qu’elle engendre (épidémie, menace terroriste, accident environnemental…). Cela incitera grandement la réactivité et obligera les chercheurs à répondre enfin à de “vraies questions” utiles au plus grand nombre et non plus simplement vouloir enrichir la connaissance pour le plaisir.

Afin de faciliter le financement des thèses et d’augmenter leur nombre, je propose de les réduire à un an au lieu de trois. Cela libèrera ainsi le chercheur (qui n’aura déjà plus d’enseignement à faire) pour chercher plus efficacement – ce qui coutera bien moins cher à la collectivité. En ce qui concerne son évaluation, celle-ci sera confiée à Watson d’IBM (en délégation de service public). Quant à l’attribution des postes de MCF, un algorithme ou un tirage au sort sera étudié. Pour éviter d’engendrer des chercheurs qui resteraient sans poste après leur thèse, je propose enfin l’instauration d’un numérus clausus dès l’entrée en université pour les étudiants destinés à rester dans cette perspective professionnelle. Chaque étudiant voulant devenir chercheur sera ainsi assuré d’avoir un poste dans la recherche publique à la fin de son cursus.

Chers candidats, si vous ne reprenez aucune de ces idées, je ne vous en voudrais pas 🙂

Bonne chance !!!